7. Les grandes métropoles brésiliennes
Population des principales villes en 2000 : Villes Population (en millions
d'habitants)
São Paulo 10,4
Rio de Janeiro 5,8
Salvador 2,4
Belo Horizonte 2,2
Brasília 2,0
Curitiba 1,5
Recife 1,4
Porto Alegre 1,3
La capitale : Brasília
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, les autorités
se sont penchées sur l'idée d'un possible transfert du siège
du gouvernement de Rio de Janeiro vers une région de l'intérieur
des terres pour le protéger d'éventuelles attaques par la
mer.
La première constitution républicaine (1891) a même
défini le lieu où devait se trouver le futur District Fédéral
: un rectangle à l'intérieur de l'État de Goiás,
au centre du pays. Mais ce n'est qu'en 1956, sous la présidence
de Juscelino Kubistchek, que la construction de Brasilia, la capitale
actuelle, a débuté. La nouvelle capitale a été
bâtie sur un site de 5 814 km2, à 1 100 m au-dessus du niveau
de la mer. Elle se trouve à 1 200 km de Rio de Janeiro.
Le concours pour le plan directeur urbain a été remporté
par l'architecte et urbaniste Lúcio Costa. Les principaux bâtiments
gouvernementaux ont été dessinés par l'architecte
brésilien Oscar Niemeyer et l'aménagement de l'espace et
des jardins, conçu par le paysagiste Roberto Burle Marx.
Brasília a été inaugurée officiellement le
21 avril 1960.
Rio de Janeiro
Avec l'inauguration de Brasilia, Rio de Janeiro a cessé d'être
la capitale du pays. Elle n'en est pas moins restée la capitale
culturelle et la ville la plus célèbre du Brésil.
Baptisée Cidade maravilhosa -ville merveilleuse -, Rio de Janeiro
a la réputation d'être l'une des plus belles villes au monde.
Construite sur un site naturel exceptionnel, la ville s'étend tout
au long de la baie de Guanabara, entre le bord de mer et une chaîne
de montagnes où pousse une végétation luxuriante.
Avec ses plages de renommée mondiale (parmi lesquelles Copacabana
et Ipanema), son carnaval, la beauté de son paysage naturel, la
ville attire chaque année de très nombreux touristes.
Economiquement, elle occupe une place importante. Le secteur industriel
y est très dynamique : Rio est en effet producteur de matériel
de construction, d'équipements électriques, de produits
chimiques et pharmaceutiques, de boissons et de textiles. C'est également
une place financière importante pour le pays et le secteur des
services y est très développé.
São Paulo
Située sur un haut plateau, à 760 m au dessus du niveau
de la mer, São Paulo a été fondée par les
jésuites en 1554. C'était à l'origine un centre de
missions qui a accueilli les premiers colons. Si, aujourd'hui, São
Paulo est la plus grande métropole du pays, elle est restée
longtemps une ville de petite taille.
Ce n'est qu'à partir de 1850 qu'elle commence à se développer
et à s'enrichir grâce aux plantations de café, très
productives. Les revenus de l'exportation du café et l'accroissement
de la population, ont fourni par la suite le capital et la main d'uvre
nécessaires à la création d'une base industrielle.
Aujourd'hui, la ville et sa périphérie concentrent plus
de 20 000 usines. São Paulo est également le plus grand
centre financier Sadu Brésil avec presque 2000 agences bancaires.
Salvador
Située tout au long de la baie de Todos Os Santos (la baie de
" Tous les saints "), la ville a été construite
sur deux niveaux : sur les collines, à l'arrière, se trouvaient
les bâtiments administratifs et les quartiers résidentiels,
tandis que le bord de mer était exclusivement réservé
aux installations portuaires et militaires. Aujourd'hui encore, Salvador
est divisée en ville haute et basse.
Le port de Salvador a été le plus actif du pays jusqu'en
1815. Une part importante du sucre du Nord-Est, l'or et les diamants extraits
des mines du centre du pays ont transité par cette ville.
C'est au long de cette période, véritable âge d'or
pour Salvador, qu'ont été bâties les magnifiques églises
baroques ornées d'or et les élégantes résidences
que l'on visite aujourd'hui.
C'est à Salvador que l'influence africaine sur la culture brésilienne
est la plus forte : le Candomblé, religion amenée à
Bahia par les esclaves de la côte atlantique de l'Afrique, mêle
dans ses rites divinités africaines et influence catholique.
La Capoeira, danse de combat d'origine angolaise, devenue une pratique
populaire de rue, est très pratiquée à Salvador et
dans tout l'Etat de Bahia.
Belo Horizonte
Belo Horizonte est la première ville moderne du Brésil à
avoir été conçue par un architecte pour devenir la
capitale de l'Etat de Minas Gerais.Avec ses vastes avenues et ses banlieues
résidentielles, Belo Horizonte est aussi le centre de distribution
et de traitement d'une riche région minière et agricole,
et le noyau d'un nouveau complexe industriel spécialisé
dans l'acier, l'automobile et le textile. L'or, le manganèse et
les pierres précieuses de la région environnante sont traités
sur place.Belo Horizonte joue également un rôle culturel
important : la ville possède trois universités, un musée
d'histoire, et de nombreuses bibliothèques.
Curitiba
Située à 914 m au-dessus du niveau de la mer sur le plateau
de la Serra do Mar, Curitiba est la capitale de l'État du Paraná.
Dès la fin du XIXe siècle, des immigrés d'origine
slave, germanique et italienne sont venus s'installer dans la ville.
Après 1950, la croissance de Curitiba s'est accélérée.
C'est devenu une ville importante où le niveau de vie est élevé.
Sa postion de centre de commerce et de transformation pour les zones agricoles
et d'élevage de l'arrière-pays est à l'origine de
sa réussite économique.
Recife
Appelée la " Venise du Brésil " parce que construite
autour de deux fleuves, Recife est la capitale de l'Etat du Pernambuco.
La ville tire son nom des récifs de corail qui bordent la côte.
Recife est connue pour ses jangadas, ces radeaux de pêcheurs faits
de rondins dont la forme des voiles donne aux embarcations une élégance
particulière, et qui requièrent une grande habilité
des marins. La ville exporte une grande quantité de produits issus
de l'agriculture de l'arrière-pays, essentiellement du sucre, du
coton et du café.
Recife est aussi l'un des principaux centres culturels du Nord-Est.
Porto Alegre
Fondée en 1742, Porto Alegre est la plus grande ville de la région
Sud. Depuis le XIXe siècle, beaucoup d'immigrés allemands
et italiens sont venus s'y installer.Située à la jonction
de cinq fleuves, Porto Alegre est devenu un port actif et un centre industriel
et de commerce important. Les produits issus de l'agriculture et de l'élevage,
la viande de buf, le cuir, le riz essentiellement, partent de Porto
Alegre vers l'Europe et le Japon.
Manaus
Située sur la rive nord du Rio Negro, Manaus, capitale de l'Etat
de l'Amazonas, a connu une grande prospérité au début
du XXe siècle avec le boom du caoutchouc. Les exploitants de cette
richesse rêvaient à l'époque d'en faire une ville
de style européen, ce qui lui a valu le surnom de " Paris
des tropiques ". L'architecture des anciennes résidences privées
et des grands monuments de la ville témoignent aujourd'hui de l'opulence
dans laquelle vivaient ses habitants. Le théâtre Amazonas,
inauguré en 1896 et construit avec des matériaux presque
exclusivement importés d'Europe, en est l'exemple le plus frappant.
En 1967, après une période de décadence due à
la fin du cycle du caoutchouc, le gouvernement fédéral crée
la zone franche de Manaus. La ville attire alors des multinationales qui
y installent des usines, et devient un important centre industriel,spécialisé
dans l'électronique.
Belém
Entourée d'une série de petites îles, Belém,
capitale du Pará, est située dans un estuaire de l'Amazone.
C'est une ville animée par l'exubérance de son port, le
plus grand de l'Amazone, les couleurs vives, les odeurs et les saveurs
de son marché flottant.La ville a été fondée
en 1616, après l'expulsion des Français du Maranhão.
Quand les Portugais s'y installent, ils édifient un fort pour empêcher
les bateaux français néerlandais et espagnols de remonter
l'Amazone et revendiquer des terres. Belém est encore très
marquée par l'héritage architectural portugais du XVIIe
siècle, que l'on retrouve dans les édifices du centre-ville
et la structure du marché municipal et du marché de Ferro.
Fortaleza
Fortaleza est une grande ville où se côtoient l'architecture
moderne et les superbes plages bordées de cocotiers. Comme à
Recife, les élégantes jangadas constituent un symbole pour
la ville. Son centre historique abrite des marchés on l'on trouve
un artisanat local extrêmement riche et varié.
La colonie bâtie à emplacement actuel de Fortaleza a long-temps
fait l'objet de convoitises : prise par les Hollandais en 1635, elle est
récupérée en 1654 par les Portugais. La ville se
développe alors autour de la fortaleza de Nossa Senhora da Assunção
(la forteresse de Notre-Dame-de-l'Assomption), dont elle tire son nom.
Fortaleza est aujourd'hui un grand port de pêche et le centre d'affaires
du Nordeste(Nord-est du Brésil).
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8. Histoire du Brésil
La découverte
Découvertes des expéditions portugaises (1487-1500)
Aux XVe et XVIe siècles, le Portugal, royaume ibérique d'à
peine un million d'habitants, est pris en tenaille entre l'Atlantique
et la Castille ennemie. Après des années de lutte contre
l'occupation des Maures, les Portugais concentrent leur attention sur
la mer et les terres qui s'étendent au-delà. Ils partent
alors à la recherche de la route de l'Orient, en longeant la côte
africaine du nord au sud.
En 1434, Gil Eanes, écuyer d'Henri le Navigateur, franchit pour
la première fois le cap Bojador. En 1487, les Portugais parviennent
ainsi à atteindre le cap de Bonne-Espérance. En 1498, le
navigateur Vasco de Gama et sa flotte effectuent la traversée de
l'océan Indien pour découvrir la route maritime de l'Extrême-Orient.
C'est en essayant de gagner les Indes orientales que, le 22 avril 1500,
Pedro Alvares Cabral aborde à l'ouest, dans l'Atlantique sud, une
terre couverte de denses forêts qui deviendra le Brésil.
C'est à cette date que la région est officiellement proclamée
possession du Portugal.
Le traité de Tordesilhas (1494) délimitait les empires portugais
et espagnol. Les territoires se trouvant à l'est du méridien
et passant à 370 lieues à l'ouest du Cap-Vert devaient appartenir
au Portugal, tandis que les terres se trouvant à l'ouest devenaient
des possessions espagnoles. C'est en vertu de ce traité que les
frontières du Brésil ont été définies,
avant même qu'il ne soit découvert.
Période coloniale
Les premiers colonisateurs (1500-1580)
La nouvelle colonie est d'abord baptisée Ilha de Vera Cruz (Ile
de la Vraie Croix), puis Terra de Santa Cruz (Terre de la Sainte Croix)en
référence à la constellation de la Croix du Sud.
Elle finira par s'appeler Brésil, du nom de ce bois de teinture
rouge, le Pau-Brasil, première richesse exploitée par les
colons.
Ce n'est qu'en 1530 que le Portugal établit un programme de colonisation
systématique. L'arrivée de nouveaux colons permet de renforcer
les petites enclaves du Nord-Est du pays. La ville São Vicente
(côte de l'État de São Paulo), qui deviendra l'un
des principaux centres de départ des explorateurs vers l'intérieur
des terres, est fondée en 1532.
Salvador (Nord-est), fondée en 1549, est choisie ultérieurement
pour devenir le siège du gouvernement général. Le
pays reste peuplé de façon clairsemée par des tribus
indiennes : les Indiens Arawak et Caribes au nord, les Guarani sur la
côte est et le bassin amazonien, les Gê installés dans
les régions du sud du pays et les Pano à l'ouest.
Très vite, la mise en place d'un système administratif devient
nécessaire. La Couronne portugaise commence par rationaliser l'organisation
territoriale en créant des "Capitaineries héréditaires",
des portions de territoires perpendiculaires à la côte.
Quatorze d'entre elles - pour certaines plus grandes que le Portugal -sont
créées au milieu du XVIe siècle et les donatários
(les " donataires " à qui le fief est légué)
deviennent responsables de la défense et du développement
de ces territoires.
Le système des capitaineries a fortement influencé le modèle
territorial et politique à l'origine du Brésil moderne.
Plusieurs des Etats qui composent aujourd'hui la Fédération
ont gardé leur nom du temps de la Capitainerie.
Le littoral fertile et humide de l'actuel Etat du Pernambuco était
très propice à la culture de la canne à sucre, arrivée
au Brésil depuis Madère, et à la construction de
ports pour accueillir les navires portugais. Très vite, se développe
un commerce triangulaire : les esclaves sont emmenés d'Afrique
occidentale pour travailler dans les plantations de sucre du Brésil,
et le sucre exporté vers l'Europe où la demande croissante
ne tarde pas à dépasser la capacité de production
de la colonie.
L'union de l'Espagne et du Portugal (1580 - 1640)
Les événements en Europe viennent cependant interrompre
ce premier cycle de développement. La mort du roi Sébastien
du Portugal en 1578 met fin à la dynastie des Aviz. Philippe II
d'Espagne revendique alors la succession du Trône vacant de Lisbonne.
Entre 1580 et 1640, les deux royaumes sont réunis sous la Couronne
espagnole.
Cette période est marquée par de fréquentes agressions
hollandaises. En guerre contre l'Espagne, les Hollandais, qui convoitent
les riches colonies portugaises, envahissent le nord-est du Brésil
et s'y installent pendant près de 24 ans.
La lutte contre l'envahisseur hollandais est la première manifestation
de l'identité nationale : en effet, il est chassé par les
populations locales avant même que le Portugal n'envoie ses troupes.
L'expansion territoriale (XVIIe siècle)
Paradoxalement, l'union du Portugal et de l'Espagne confère à
la colonie des avantages inespérés : en raison de cette
union le traité de Tordesilhas n'est plus en vigueur, les Portugais
peuvent alors pénétrer plus profondément à
l'intérieur des terres.
Les capitaineries de São Vincente, de Pernambuco et Bahia, sont
les principaux points de départ pour les explorateurs. Ces expéditions,
connues sous le nom de Entradas ou Bandeiras, créent ainsi les
premières cellules de colonisation de l'intérieur des terres,
monopolisé jusqu'alors par les missions jésuites.
A la recherche d'esclaves indiens et de richesses minérales, ces
pionniers, les Bandeirantes, ont considérablement contribué
à repousser les frontières du futur Brésil indépendant.
Quand les Portugais recouvrent leur indépendance en 1640, ils refusent
d'abandonner à l'Espagne les terres occupées à l'ouest
de la ligne de Tordesilhas. Revendiquant le droit de Uti possidetis (droit
de possession d'usage), ils obtiennent gain de cause.
La découverte de l'or (XVIIIe siècle)
Le déclin de la production du sucre dans la seconde moitié
du XVIIe siècle coïncide avec le mouvement en direction de
territoires encore inexplorés. Lors de ces expéditions,
les colons portugais découvrent l'or.
La ruée vers l'or qui s'ensuit entraîne un développement
démographique conséquent de l'intérieur du pays,
attirant les populations de la côte et une nouvelle vague de colons.
La découverte de l'or a pour conséquence d'intensifier l'élevage
bovin à l'intérieur des terres pour approvisionner les centres
miniers en viande et en cuir, et l'émergence de nouvelles villes
dans l'actuel Etat de Minas Gerais.
Presque 1000 tonnes d'or et 3 millions de carats de diamants sont extraits
de cette région entre 1700 et 1800.
Cette richesse a financé en partie la révolution industrielle
anglaise : en vertu du traité de Methuen (1703), les textiles fournis
par l'Angleterre au Portugal étaient payés avec l'or des
mines brésiliennes.
Le café
Le " boom " de l'or et des diamants est suivi de celui du café,
arrivé de Guyane au XVIIIe siècle.
C'est une source de richesse plus importante encore. La culture du café
provoque, elle aussi, une véritable colonisation des territoires
encore vierges qui débute dans l'intérieur des terres de
l'actuel Etat de Rio de Janeiro, là où il est relativement
facile de trouver de la main d'uvre esclave.
Plus tard, avec l'abolition de l'esclavage et la vague d'immigration européenne
dans l'Etat de São Paulo, les plantations se déplaceront
vers le sud, où l'état des sols, le climat et l'altitude
créent un environnement idéal, faisant du Brésil
le plus grand producteur de café au monde.
Le transfert du siège du gouvernement colonial dans la seconde
moitié du XVIIIe témoigne de l'importance croissante des
régions du sud-est : Rio de Janeiro devient la capitale du pays
à la place de Salvador.
La ville domine en effet la principale route d'accès au Minas Gerais
et se trouve proche des régions méridionales où la
population ne cesse de croître.
L'indépendance
Le sentiment national
Pendant toute la période coloniale, le Portugal a joué
le rôle d'intermédiaire entre la colonie (productrice) et
les grands centres européens (consommateurs). En monopolisant ainsi
tout le commerce, le Portugal garde une part substantielle des profits,
provoquant le mécontentement de colons et exacerbant le sentiment
nationaliste, né de la lutte contre l'envahisseur hollandais au
début du XVIIe .
Les premiers mouvements politiques indépendantistes se forment
dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ils n'ont, au début,
qu'une portée régionale. La manifestation la plus importante
de ce désir d'indépendance est la Conjuração
mineira (la conspiration de Minas) qui se déroule au cur
de la région aurifère.
L'instigateur de cette rébellion est un jeune officier de cavalerie,
Joaquim José da Silva Xavier, dit Tiradentes (" l'Arrache-dent
", surnommé ainsi pour sa dextérité de dentiste),
alors en rapport avec des intellectuels partageant les idées libertaires
qui ont inspiré les Encyclopédistes français et les
chefs de la révolution américaine.
La conspiration est découverte en 1789 ; ses principaux instigateurs
sont condamnés à l'exil en Afrique. Seul Tiradentes est
condamné à mort : il est pendu à Rio de Janeiro le
21 avril 1792, sur une place qui porte désormais son nom.
D'autres mouvements isolés de ce genre tentent d'agir dans le Pernambuco
et à Bahia, mais la révolte reste encore contenue quelques
années, sans ébranler la domination portugaise.
Le transfert de la Cour portugaise au Brésil (1808 - 1821)
Les guerres napoléoniennes infléchissent le cours de l'histoire
brésilienne. En novembre 1807, Napoléon entreprend d'envahir
le Portugal. Le Roi João VI embarque alors avec sa cour pour le
Brésil où il séjourne jusqu'en 1821.
L'installation de l'administration royale dans la colonie accélère
paradoxalement la marche vers l'indépendance. Le pouvoir royal
prend, en effet, des mesures qui facilitent la transition : en 1815, le
Brésil accède au statut de royaume uni au Portugal. Avant
de rentrer à Lisbonne, João VI nomme son second fils, Dom
Pedro, régent du Brésil. En partant, il lui aurait sagement
conseillé : Pedro, mon fils, si le Brésil devient indépendant
place la couronne sur ta tête avant qu'un aventurier ne le fasse.
La proclamation de l'indépendance (7 Septembre 1822)
Le sentiment républicain, très répandu dans le pays
après la Révolution française, gagne en audience
quand les colonies espagnoles voisines deviennent indépendantes.
Pendant ce temps, au Portugal, une opposition s'élève contre
les réformes entreprises au Brésil par le Roi : les Cortes(l'Assemblée
portugaise)vote une série de lois destinées à redonner
au Brésil son ancien statut de colonie, tandis que Dom Pedro reçoit
l'ordre de rentrer en Europe.
Face à l'indignation des Brésiliens, Dom Pedro refuse de
quitter le pays. Il fait convoquer une Assemblée constituante en
juin 1822, et, le 7 septembre 1822, proclame l'indépendance du
Brésil. ssemblée constituante fait de lui l'Empereur du
Brésil sous le nom de Dom Pedro Ier.
Tandis que les royaumes espagnols d'Amérique ont lutté avec
acharnement pour leur indépendance, le Portugal et le Brésil
ont fini par arriver à un accord par la négociation. Après
une guerre d'indépendance relativement courte (1822-1824) et limitée
aux seules provinces de Bahia et du Pará, le Brésil se consolide
comme empire avec un dirigeant qui reste néanmoins l'héritier
du Trône portugais.
L'Empire
Pedro Ier (1822 - 1831) : Dom Pedro Ier, souverain à la forte personnalité,
contribue à l'évolution sociale et politique du pays en
accordant au Brésil, en 1824, une charte constitutionnelle très
en avance sur son temps. A la mort de João VI en 1826, il hérite
du Trône portugais mais abdique au profit de sa fille, l'infante
Maria da Glória, qui devient la reine Maria II. En 1831, il décide
d'abdiquer du Trône brésilien en faveur de Pedro II, son
héritier âgé d'à peine cinq ans. Cette décision
s'explique par ses différends avec le Parlement brésilien
et par son esprit d'aventure qui le pousse à rentrer au Portugal
afin d'évincer son frère Miguel du trône usurpé
à sa fille Maria.
Pedro II (1831 - 1889) : Pedro II, à la différence de son
père, règne en monarque austère et modéré.
Il se révèle l'un des monarques les plus compétents
de son époque : sous son règne d'un demi-siècle,
le Brésil atteint la maturité politique et culturelle tandis
que l'unité du pays est assurée. Une administration compétente
voit le jour et l'esclavage est progressivement éliminé
jusqu'à son abolition en 1888. L'économie du pays connaît
une croissance exceptionnelle : la production nationale est multipliée
par dix et le pays commence à se doter d'un réseau ferroviaire.
L'immigration européenne est fortement encouragée et un
système de santé est projeté à l'échelle
nationale. L'influence de l'Empereur et la stabilité du pays ont
grandement participé à une transition pacifique de la monarchie
à la république.
La République
La fin de l'empire et l'abolition de l'esclavage (1888)
L'abolition de l'esclavage est habituellement considérée
comme l'une des causes importantes de la chute de la monarchie. La princesse
Isabel, qui gouverne le pays comme régente en l'absence de l'Empereur
alors en Europe, comprend que le système économique fondé
sur l'esclavage s'effondre progressivement. Cédant aux raisons
des abolitionnistes, elle signe, le 13 mai 1888, la Lei Aurea (Loi d'or)
qui interdit l'esclavage au Brésil. Cette loi provoque de vives
réactions du côté des propriétaires d'esclaves
érodant rapidement les fondations politiques de la monarchie. Une
révolte militaire, dirigée par le Maréchal Manuel
Deodoro da Fonseca, éclate le 15 novembre 1889, après quelques
mois de crise parlementaire. L'Empereur est renversé et la République
proclamée.
Pedro II s'exile avec sa famille en France, où il meurt quelques
années plus tard. Nombre de personnalités accordent leur
soutien au nouveau régime. Parmi elles, l'un des plus grands hommes
d'Etat brésilien, le Baron du Rio Branco dont les talents de diplomate
ont permis de définir la quasi totalité du tracé
des frontières du Brésil.
La fédération et le régime présidentiel
Très vite sont adoptées des réformes d'inspiration
républicaine, dont la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Une nouvelle Constitution voit le jour en février 1891 qui fait
du Brésil une République fédérale sur le modèle
américain : les provinces de l'Empire sont transformées
en Etats.
Le régime parlementaire est remplacé par un régime
présidentiel ; le Congrès avec ses deux assemblées
reste en l'état et une Cour suprême est créée.
Le premier président élu est le Maréchal Deodoro
da Fonseca.
La " Nouvelle République " (1930 - 1937)
En 1930, pour la première fois dans l'histoire de la République,
le gouvernement est renversé par la force. Mené par Getúlio
Vargas, le mouvement révolutionnaire victorieux préconise
la réforme du système électoral et politique : en
l'absence de partis nationaux forts, la pratique consistait à n'élire
en alternance que des présidents soutenus par les gouverneurs des
Etats de São Paulo et du Minas Gerais. Getúlio Vargas, qui
gouvernera le pays pendant 15 ans, arrive au pouvoir à une période
trouble : le pays subit les effets de la dépression mondiale qui
fait brutalement chuter les prix du café. La scène politique
intérieure est non seulement affectée par la crise financière,
mais aussi, tout au long de la décennie, par des heurts avec les
minorités militantes s'inspirant d'idées fascistes ou communistes.
Autoritarisme et changement
En 1934, une nouvelle constitution est adoptée. Elle élargit
considérablement le droit de vote, notamment aux femmes. Cette
même année, Vargas est constitutionnellement élu président
de la République. En 1935, des tentatives de rébellion communistes
sont déjouées dans le Pernambuco et à Rio de Janeiro.
A partir de là, ont lieu de grandes vagues d'arrestations d'opposants.
En 1937, peu de temps avant l'élection présidentielle, l'atmosphère
politique tendue conduit le président à déclarer
l'état d'urgence. Il entreprend ensuite de dissoudre le Congrès
et assume des pouvoirs extraordinaires pour gouverner par décret
dans le cadre d'une charte autoritaire. D'importantes mesures sont tout
de même adoptées pendant cette période ; parmi elles
une législation avancée en matière de bien-être
social et une réforme du système éducatif. On observe
également une avancée importante de l'industrialisation
avec la construction de la première grande usine sidérurgique
du Brésil. Quand éclate la Deuxième Guerre mondiale,
le gouvernement de Vargas ne peut ignorer la préférence
de la grande majorité des Brésiliens pour les Alliés.
Enflammé par les actions hostiles des sous-marins allemands sur
la côté brésilienne, le sentiment populaire force
le Président à renoncer à sa neutralité. En
août 1942, Vargas déclare la guerre aux puissances de l'Axe.
Le Brésil envoie une contingent de 25 000 hommes en Italie. C'est
le seul pays latino-américain à avoir envoyé des
forces armées en Europe pendant cette guerre ; des soldats brésiliens
y sont morts pour défendre la démocratie.
Le Brésil de l'après-guerre
Le Brésil moderne
Peu de temps après la fin de la guerre, Vargas est contraint de
démissionner et des élections ont lieu pour lui désigner
un successeur. Les Brésiliens, qui se rendent aux urnes pour la
première fois depuis quinze ans, élisent le général
Eurico Gaspar Dutra, ministre des armées de Vargas pendant la guerre.
Une nouvelle constitution démocratique est adoptée en 1946,
qui restera en vigueur jusqu'en 1967. Le mandat de Dutra s'achève
en 1951. Pendant ce temps, Vargas, retiré dans sa propriété
du Rio Grande do Sul, se prépare aux élections. Il récolte
les fruits de ses mesures progressistes en matière de législation
syndicale : réélu président de la République,
il forme un gouvernement populiste à tendance nationaliste. En
1954, au beau milieu d'une grave crise politique, il se suicide d'un coup
de revolver dans le cur. L'ancien gouverneur du Minas Gerais, Juscelino
Kubitschek, bénéficiant à la fois du soutien des
partisans de Vargas et des communistes, remporte l'élection présidentielle
en 1955. Sous sa présidence, le Brésil connaît cinq
années d'expansion économique. C'est également à
cette époque qu'est fondée Brasília, l'actuelle capitale.
Son successeur, le président Jânio Quadros, démissionne
après moins d'un an d'exercice du pouvoir. Il est remplacé
par son vice-président, João Goulart, un homme politique
de gauche. Les militaires s'opposent farouchement à cette succession,
accusant Goulart d'avoir de la sympathie pour le régime castriste
cubain. Ce dernier ne parvient à prêter serment qu'après
un vote hâtif du congrès, sous la pression des militaires,
en faveur d'un système parlementaire limitant drastiquement les
pouvoirs du président. Quatorze mois plus tard, les électeurs
choisissent par voie de référendum de rétablir le
régime présidentiel. L'inflation galopante et la polarisation
de la vie politique entre la droite et la gauche mènent à
deux ans et demi d'agitation sociale et politique sur fond de crise économique.
Craignant les penchants marxistes de Goulart, les militaires finissent
par renverser le gouvernement par la force en 1964.
Le Régime militaire (1964-1985)
Pendant la période de dictature militaire, cinq présidents,
tous généraux, se succèdent. D'importants amendements
apportés à la Constitution réduisent les libertés
civiles et confèrent des pouvoirs extraordinaires au Président,
désormais désigné par les membres du Congrès.
De nombreuses mesures d'austérité affectent la vie politique,
économique, sociale et culturelle du pays. L'année 1979,
début du mandat du cinquième " Général-président
", Figueiredo, est marquée par " l'Ouverture " (Abertura),
processus de restauration des droits politiques. Ce processus est enclenché
en partie sous la pression de la population qui revendique un retour à
la démocratie. En 1982, sont organisées des élections
directes pour les gouverneurs des Etats, les premières du genre
depuis 1965.
Le retour à la démocratie
En 1984, des manifestations pour les Diretas já ("élections
directes immédiates") se déroulent dans tout le pays.
En janvier 1985, Tancredo Neves est élu président de la
République, non pas au suffrage direct mais par un collège
électoral. L'élection de ce président a cependant
une portée hautement symbolique, non seulement parce qu'il est
le premier président civil à être élu depuis
plus de vingt ans, mais également parce qu'il est le candidat d'une
coalition de partis d'opposition, alliés pour faire contrepoids
au candidat officiel du régime militaire. Le 14 mars 1985, à
la veille de son investiture, Neves est transporté d'urgence à
l'hôpital. Il meurt cinq semaines plus tard, laissant le pouvoir
au vice-président, José Sarney. Celui-ci prête serment
en promettant de poursuivre la voie engagée par Tancredo Neves.
Le nouveau président commence par convoquer des élections
générales pour créer une Assemblée nationale
constituante. Jamais dans l'histoire du Brésil, on a observé
un degré aussi élevé de participation populaire à
la préparation d'une Constitution. Le 15 octobre 1988, après
dix-huit mois de délibérations, la nouvelle constitution
est promulguée. Sous son mandat, Sarney parvient à consolider
la démocratie au Brésil.
Un président déchu constitutionnellement (1989 - 1992)
Fernando Collor est élu président de la République
en novembre 1989, à l'issue de la première élection
présidentielle directe depuis 1960. Le 29 septembre 1992, à
la suite d'allégations de corruption au sein du gouvernement, une
procédure d'impeachment est déclenchée par le Congrès
contre le président. La chambre des députés vote
la suspension de ses fonctions pour 180 jours.
Le 29 décembre 1992, alors même que le Sénat délibère
pour mener la procédure d'impeachment à son terme, le président
Collor démissionne. Le Sénat décide néanmoins,
à une large majorité, de le démettre de ses fonctions.
Cet événement a marqué l'histoire politique du Brésil
: c'est en effet la première fois dans une république démocratique
qu'un président est destitué selon une procédure
constitutionnelle.
La transition (1993 - 1994)
À la suite de la destitution de Fernando Collor, son vice-président,
Itamar Franco, est investi pour les deux années restantes. Il lance
le plan Real, véritable tournant pour l'économie brésilienne,
qui permet de mettre fin à l'inflation endémique qui mine
le pays depuis de nombreuses années. Dans le cadre de ce plan est
créé le real, la nouvelle monnaie brésilienne.
Le président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002)
En octobre 1994, Fernando Henrique Cardoso est élu président
de la République pour un mandat de quatre ans. Il est réélu
au premier tour en octobre 1998, avec 53,06% des voix. Membre fondateur
du PSDB - Parti de la Social-Démocratie Brésilienne -, Fernando
Henrique Cardoso a été auparavant sénateur, ministre
des Relations extérieures, puis ministre des Finances et chargé
à ce titre de la mise en place du plan Real.
Le président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-)
Lula, ex-leader syndical et fondateur du PT - Parti des Travailleurs,
se lance dans la bataille pour la présidence de la République
en 1989, après 29 ans sans élection au suffrage direct.
Il perd l'élection au second tour, avec un score proche de celui
du président élu. Deux ans plus tard, il prend la tête
de la mobilisation nationale contre la corruption qui aboutit à
l'impeachment du président Fernando Collor de Mello. En 1994 et
1998, Lula se porte à nouveau candidat à la présidence.
Fin juin 2002, la convention nationale du PT approuve la formation d'une
large alliance politique qui axera sa campagne sur le règlement
de l'immense dette sociale du pays envers la grande majorité de
sa population. Le candidat à la viceprésidence est le sénateur
du PL (Parti Libéral) du Minas Gerais, José Alencar. Luiz
Inácio Lula da Silva est élu président de la République
du Brésil le 27 octobre 2002, avec presque 53 millions de voix,
un score sans précédent depuis le retour à la démocratie
en 1985.
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